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à géométrie variable, baromètre bruxellois

billets au gré de l'envie, de l'inspiration...

"Marrant", enfin, je dis ça...

Publié le 24 Novembre 2007 par jay2bsl in Humeurs (voire belgiennes)

The-Prisoner-4.jpg

« Marrant », 167 jours sans gouvernement titre « Le soir » en ligne de ce jour. Enfin, « marrant », c’est en effet un doux euphémisme que j’emploie relativement à ce qu’il serait outrageusement possible d’appeler un fameux foutage de gueule.

 

Presque impossible d’échapper quotidiennement à ce débat citoyen du niveau « café de commerce » où d’un côté les citoyens flamands cherchent à se défendre d’être des extrémistes et de l’autre, les citoyens francophones iraient presque jusqu’à se présenter comme de futurs génocidés. A ce titre, certains commentaires sur ce point sont assez édifiants.

 

 

Surtout l’impression pour l’heure d’être face à une magistrale mascarade politique orchestrée par nos futurs m(s)inistres en vue de se positionner, par effets de manches interposés, comme chantres de la défense courageuse de telle ou telle cause.

La réalité locale depuis suffisamment longtemps dans ce pays est qu’il y a un décalage hurlant entre le discours politique et la vraie vie.

 

Chose assez intéressante, dans la vraie vie, combien de flamands censément extrémistes ne connaissent-ils pas l’un ou l’autre francophone parlant volontiers leur langue sitôt la frontière linguistique franchie (voire simplement, histoire de faciliter le contact où que ce soit) et combien de francophones –futures victimes d’un nouvel « ethnocide » annoncé- ne connaissent-ils pas de ces flamand(e)s qui globalement s’en tapent des discours et parlent français sans sourciller un instant ?

 

Après tout, dans la mesure où Bruxelles se targue d’être Capitale européenne et, de ce fait, se vouloir être un exemple, une vitrine tout à la fois pour l’Europe elle-même sinon pour le monde ; de quelle manière nos politic(h)ien(ne)s locaux (du nord comme du sud, sans compter nos transfuges d’un côté et de l’autre de la frontière linguistique implantés comme une cinquième colonne à Bruxelles) ont-ils la moindre intention d’être crédibles dans leurs gesticulations électorales ou post-électorales mercantiles ?

 

A regarder la situation au Moyen-Orient, fusse la question d’Israël et de la Palestine où l’on ne cesse d’espérer qu’au niveau politique les élus aient enfin le courage de montrer l’exemple du vivre ensemble face à un quotidien particulièrement difficile (à moins de considérer que le terrorisme du fait d’organisations clandestines ou le terrorisme d’Etat ne soient seulement que de joyeuses plaisanteries !) ; il est intéressant d’y comparer un instant la situation de la Belgique, en définitive.

 

La Belgique est (était ?) un pays qui, quelles que soient les bonnes ou mauvaises raisons de son origine, a toujours plus ou moins bien fonctionné ensemble. L’une de ses marques, presque génétique (merde, là, on va dire que j’emprunte un discours sarkozien !), est le surréalisme. Par ailleurs, c’est tout de même un pays qui, à la base de sa Constitution, reconnaît le droit à l’existence et à l’usage de plusieurs langues (accessoirement, trois, les langues française, néerlandaise et allemande ; juste pour rappel, selon). En fait, pour chacune de ces trois langues, à moins de les apprendre à l’école, on trouve globalement toute une kyrielle de patois locaux plus ou moins intelligibles entre eux.

 

Face à ce genre de situation, dans la vraie vie, quand les gens se rencontrent, d’une manière ou d’une autre, qu’ils cherchent à avoir commerce –de quelque manière qui soit- entre eux, ils se débrouillent ; de manière outrancière, on pourrait dire que les gens, finalement, se démerdent fort bien dans la vraie vie hors les discours politiques. Ils vivent tout simplement de manière pratique.

 

Certain(e)s choisiront sans doute de rappeler combien le flamand fut notoirement collabo durant la Seconde Guerre mondiale, je me permettrais dans ce cas de rappeler en parallèle l’épisode de la Légion Wallonie qui partit se battre aux côtés de l’armée allemande sur le front de l’Est. Par ailleurs, toutes les études analytiques qui ont eu lieu après ce conflit ont largement démontré combien les faits de collaboration ne l’ont pas plus été d’un côté ou l’autre de la frontière linguistique. Seule, l’image d’Epinal du discours politique tendrait à vouloir démontrer –même aujourd’hui- combien la Flandre aurait un caractère nazie face à une francophonie résistante.

 

Ce serait, dans ces conditions, faire très peu de cas des diverses tractations faites par nos politic(h)ien(ne)s au cours des années ’60 et ensuite en vue de vider de plus en plus de sa substance une Constitution qui, au départ, semblait tout de même avoir été pensée de façon relativement équitable en regard d’une réalité déjà pleinement multi-culturelle. Aux dernières nouvelles, c'est durant ces années qu'en vue de sordides calculs électoraux, nombre d'élus francophones ont accepté sans trop de difficulté diverses choses assez discutables d'un strict point de vue démocratique.

 

En fait, aujourd’hui, c’est un peu comme s’il fallait absolument se tenir sur ses ergots face à l’ennemi de l’autre communauté linguistique ; la presse dans son grand ensemble (francophone ou néerlandophone) cherche apparemment à nous stigmatiser au mieux en ce sens et nos politic(h)ie(ne)s ne font rien d’autre que chercher à travers cet imbroglio ubuesque qu’à tirer leur épingle du jeu pour devenir calife à la place du calife.

 

Entre ce cher Reynders qui donne la furieuse impression d’être prêt à toutes les compromissions –s’il osait vraiment, bien sûr- en vue de devenir le Premier M(S)inistre francophone depuis de si nombreuses années, une Milquet (Mickey ?) qui cherche absolument à se vouloir centriste (surtout faire oublier l’ancienne tradition !) et qui est prête à négocier avec tout le monde, pourvu que l’on parle d’elle et un Di Rupo qui dans son coin de l’opposition se présente comme le dernier Chevalier blanc de la francophonie (s’il n’en reste qu’un, il sera celui-là!) espérant finalement quand même retrouver un portefeuille dans une coalition plus élargie qu’Orange Bleu.

 

Sommes-nous mieux lotis du côté flamand ? En fait, non ! Chacun semble espérer que celui qui sera en définitive chargé de la patate chaude de ces foutues réformes urgemment nécessaires soit quelqu’un d’autre, tant il est probable que l’avenir politique du prochain premier m(s)inistrable flamand ne résistera pas au sort belgicain ou post-belgicain.

 

S’agirait-il de dire –comme dans une dérive poujadiste- que nos politic(h)ien(ne)s sont tou(te)s pourri(e)s ? Non, évidemment non. C’est probablement plus humain et donc plus subtil que cela. Ils sont plus que certainement dans leur grand ensemble tellement déconnectés des réalités citoyennes qu’ils se collettent sur des « détails » en oubliant le fondamental. Un peu comme des gens tellement spécialisés, tellement le nez sur l’écorce de leur arbre qu’ils n’en voient plus la forêt qui est derrière. En fait, ce serait simplement pitoyable si cela ne finissait pas par prendre des proportions aussi guignolesques.

 

Si du point de vue philosophique ou simplement idéologique, je n’ai jamais pensé grand-chose de la Belgique (jamais eu la fibre fort nationaliste !) tout à la fois en raison de la variété de mes racines que de mon regard sur l’Histoire ; d’un point de vue strictement pratique, j’ai tendance à penser que le niveau politique qu’atteignent actuellement nos édiles flirte outrageusement avec un crétinisme politique qui fait immanquablement penser à une cruelle dégénérescence issue de croisements consanguins trop prégnants.

 

Quoiqu’il en soit…

 

Be seeing you !

 

 

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