D'un libertinage, l'autre...

From: Milo Manara

Juste à l'esprit, un bref échange de sms, vieux de quelques heures et qui déjà me laisserait presque un goût frelaté aux lèvres.

Dame S., dans son sud français, qui veut organiser un petit séjour par ici dans quelques semaines; ma foi, jusque là, pas de problème, encore que... En effet, il semblerait que Dame N. manifeste à nouveau de plus en plus de velléités en matière d'exclusivité et pourrait fort peu goûter à la plaisanterie.

Cela dit, il me faut reconnaître qu'à ce stade ce n'est pas trop ce qui m'inquiéterait.

C'est plutôt cet échange de sms, en fait; quoique, en terme d'échange, hors réponse empathique sans trop de ma part, ce fut surtout la réception du fantasme parfaitement unilatéral de Dame S. et dans lequel elle finissait pas s'enferrer littéralement. Pas spécialement le sentiment d'être bégueule, loin s'en faut, me semble-t-il, mais c'est surtout qu'il m'est assez nécessaire de laisser l'esprit s'envoler de lui-même sans trop chercher à le canaliser de quelque manière qui soit. Quelque chose peut-être d'un soupçon de poésie, d'inattendu.

Là, cependant, j'aurais plutôt l'impression d'avoir reçu l'équivalent d'un compte-rendu circonstancié des différentes étapes à réaliser; sur ce coup-là, si la visite de la Dame m'était d'abord apparue comme une délicieuse récréation, la perspective me fait à présent l'impression d'un soufflé totalement retombé. C'est con.

Presque étrangement, cette évanescence de l'envie me ramène à une autre Dame, S. aussi mais un autre prénom, l'an dernier; si la première est une petite brune, la seconde, elle, est grande et blonde quoique tirant sur le vénitien.

Cette chère Dame S. qui fit son entrée dans mon sillage l'an dernier avait avancé vers moi à pas de louve; prudente et méthodique mais très clairement décidée.

L'idée de décliner avec elle la translation d'une amitié potentielle naissante vers une relation à caractère plus sensuel n'était pas pour me déplaire sans pour autant que quelque urgence y soit, ni même que ce fut une fin en soi. En fait, notre échange aurait fort bien pu se maintenir dans le cadre de la relation intellectuelle, sinon spirituelle, voire tout simplement amicale.

Pourtant, à mesure, son approche se révélait chaque fois un peu plus, de même que la manière dont elle a fait le choix d'aborder ses relations plus privées. En effet, il y avait quelque chose dans cette approche qui ne pouvait que me donner l'impression d'une forme d'engagement revendicateur dans le libertinage.

Elle tentait à sa manière , je crois, de nous envisager comme "semblables" et, peut-être, envisageait-elle même une forme de poursuite plus avant de notre relation; quoiqu'il en soit, il m'était impossible de ne pas clarifier mon propre cheminement dans le cadre de cette réflexion.

Il est, me semble-t-il, des libertinages délibérés, presque comme une forme d'engagement, de profession de foi et qui m'apparaîtraient alors comme un libertinage libertaire. Par ailleurs, j'en verrais bien un autre; celui dans lequel le côté revendicateur n'existe pas et où cela tiendrait plus d'une constatation a posteriori d'une vie. Dans ce dernier cas, il y aurait, certes, un libertarisme à caractère libertin mais sans plus.

La différence entre les deux se situant sans doute dans le fait que d'un côté, il y aurait quelque chose d'une quête style "tableau de chasse", ce que je goûte finalement fort peu, et de l'autre, même s'il n'y a pas renoncement à l'animalité intrinsèque de l'être, il n'y a rien d'autre qu'accepter la vie telle qu'elle se présente.

Dans le second cas, quelque chose d'une absence d'enjeu qui n'empêche aucune ouverture, même plus long terme, parfois, bien que fort rare et sans doute d'ordonnancement difficile. 

Décidément, drôle de réflexion pour un samedi matin, presque à l'aube.

Sur ce, une fois de plus...

Be seeing you!